Google a profité de sa conférence sur les résultats du troisième trimestre pour défendre l’idée que les fonctions basées sur l’**IA** stimulent l’utilisation de la **recherche** plutôt que de la remplacer. Vous pouvez retrouver le communiqué financier d’entreprise via cet aperçu des comptes Q3.
Le PDG Sundar Pichai a qualifié la situation d’« moment d’expansion pour la **recherche** », expliquant que les nouvelles expériences alimentées par l’**IA** « mettent en valeur le web » et génèrent « des milliards de clics vers des sites chaque jour ». Le message complet de la direction est disponible dans son billet public : lettre du PDG sur les résultats Q3.
Pichai a indiqué que le volume global de **requêtes** ainsi que le nombre de **requêtes** commerciales avaient augmenté d’une année sur l’autre, et que le rythme de croissance s’était accéléré au troisième trimestre comparé au deuxième, principalement sous l’impulsion d’AI Overviews et d’AI Mode.
Quels résultats le géant a‑t‑il publiés pour le troisième trimestre ?
AI Mode et AI Overviews : les chiffres et le déploiement
Selon Sundar Pichai, l’adoption de AI Mode a connu une progression « forte et régulière » d’une semaine sur l’autre aux États‑Unis, avec un doublement du nombre de **requêtes** liées au produit durant le trimestre. La société affirme avoir étendu AI Mode à l’échelle mondiale, prenant en charge plus de 40 langues, et revendique plus de 75 millions d’utilisateurs actifs quotidiens. Au cours du trimestre, Google indique avoir apporté plus de 100 améliorations au service.
Sur le plan de l’impact, la direction a expliqué que AI Mode génère déjà une « croissance incrémentale du volume total de **requêtes** pour la **recherche** ». De la même façon, les résumés automatiques baptisés AI Overviews contribueraient à une augmentation significative des **requêtes**, un effet qu’Pichai qualifie d’« encore plus marqué » au troisième trimestre et particulièrement visible chez les utilisateurs plus jeunes.
Ces éléments chiffrés — nombre d’utilisateurs actifs quotidiens, déploiement linguistique, fréquence des mises à jour — servent à illustrer la trajectoire d’adoption mais ne détaillent pas toutes les métriques d’engagement en aval, comme le partage de clics externes générés depuis ces expériences basées sur l’**IA**.
Chiffres financiers : revenus et parts d’activité
Pour le trimestre, Alphabet a annoncé un chiffre d’affaires de 102,3 milliards de dollars, franchissant pour la première fois la barre des 100 milliards sur un trimestre. La ligne « Google Search & other » a atteint 56,6 milliards de dollars, contre 49,4 milliards un an plus tôt, ce qui illustre une progression notable de l’activité liée à la **recherche** et aux services associés.
Les revenus publicitaires de YouTube se sont établis à 10,26 milliards de dollars pour le trimestre. Pichai a mentionné que YouTube restait la plateforme numéro un en termes de temps de visionnage en streaming aux États‑Unis depuis plus de deux ans, d’après les données Nielsen. Il a aussi précisé qu’aux États‑Unis, les formats courts (« Shorts ») génèrent désormais plus de revenu par heure de visionnage que les annonces vidéo traditionnelles en lecture.
Le trimestre a été affecté par une amende de 3,5 milliards de dollars infligée par la Commission européenne, charge que la société signale lorsqu’elle commente ses marges. Hors cet élément exceptionnel, la marge d’exploitation s’établit à 33,9 %.
Pourquoi ces résultats ont‑ils de l’importance ?
Le message central adressé aux investisseurs est clair : selon Google, les surfaces de recherche enrichies par l’**IA** étendent l’utilisation de la **recherche** plutôt que de la cannibaliser. Si cette interprétation se confirme dans la durée, la logique commerciale pour la société est de généraliser AI Mode et AI Overviews sur un nombre croissant de requêtes.
Pour les professionnels du marketing, l’effet immédiat semble moins être une réduction des budgets consacrés à la **recherche** qu’un déplacement de la distribution des interactions à l’intérieur de l’écosystème Google. Autrement dit : plus d’expériences gérées par Google, mais pas nécessairement moins d’opportunités commerciales pour les annonceurs si l’orientation reste vers des sessions génératrices de requêtes commerciales.
Toutefois, ce qui n’a pas été communiqué est aussi révélateur que ce qui a été annoncé. La firme n’a pas publié de métrique publique claire sur la part de clics sortants (outbound click share) issue des surfaces pilotées par l’**IA**, ni de nouveau tableau de bord pour suivre ce type d’interactions. En conséquence, l’adoption des expériences **IA** progresse plus rapidement que la disponibilité d’outils de mesure conçus pour en évaluer l’impact précis.
Concrètement, les équipes marketing continueront de s’appuyer sur leurs propres outils d’analyse pour estimer l’effet des nouvelles surfaces de **recherche**. Les données internes — analytics, logs serveur, performance des pages de destination — resteront essentielles pour reconstituer le parcours utilisateur et vérifier si l’augmentation déclarée des **requêtes** se traduit par des conversions et du chiffre d’affaires.
Par ailleurs, la situation financière — notamment la hausse des revenus « Search & other » et la progression des **requêtes** commerciales — fournit un contexte favorable à la poursuite des investissements dans les fonctionnalités d’**IA**. Tant que ces sessions pilotées par l’**IA** continuent d’absorber une part croissante de l’usage, les annonceurs ont de bonnes raisons de maintenir une présence significative sur les surfaces monétisées par Google.
Perspectives et orientations stratégiques
À l’avenir, Google a l’intention de poursuivre le déploiement de surfaces de **recherche** centrées sur l’**IA**. Pichai a évoqué la sortie prochaine de Gemini 3 plus tard dans l’année, qui devrait offrir une base de modèle plus robuste pour alimenter AI Mode et AI Overviews si le calendrier est respecté. Une nouvelle génération de modèle peut améliorer la qualité des résumés, la pertinence des réponses et, potentiellement, la propension des utilisateurs à poursuivre leur parcours vers des contenus externes.
La société décrit également Chrome comme « un navigateur propulsé par l’**IA** », intégrant de façon plus étroite Gemini et AI Mode, avec des fonctions plus « agentiques » à venir. Ces évolutions suggèrent une vision où le navigateur devient un point d’accès intelligent, agissant comme intermédiaire entre l’utilisateur et le web au moyen d’agents pilotés par l’**IA**.
Enfin, pour répondre à la demande en infrastructure et en puissance de calcul liée à l’**IA**, Google a relevé ses prévisions d’investissements en immobilisations pour 2025, indiquant désormais une fourchette de 91 à 93 milliards de dollars. Cette augmentation de capex vise à soutenir la croissance des services basés sur l’**IA**, mais aussi à renforcer l’infrastructure nécessaire au maintien et à l’amélioration des fonctionnalités de **recherche**.
Conséquences pratiques pour les acteurs du numérique
Plusieurs implications pratiques émergent de ces annonces pour les éditeurs, les spécialistes du référencement et les équipes marketing :
- Métriques de performance : en l’absence de statistiques publiques sur la part de clics sortants depuis les surfaces **IA**, les organisations devront affiner leur instrumentation interne (UTM, tracking côté serveur, modèles d’attribution) pour mesurer l’impact réel des interactions. La corrélation entre hausse de **requêtes** et trafic sortant mérite une attention particulière.
- Visibilité organique : si les expériences AI Overviews mettent davantage d’informations directes en face des utilisateurs, les pages web devront optimiser la façon dont elles sont citées et résumées pour figurer dans ces extraits synthétiques. Cela implique un travail sur la structure de contenu, les balises sémantiques et la qualité des données structurées.
- Formats publicitaires : la montée en puissance des formats courts sur YouTube et la monétisation accrue des « Shorts » suggèrent que les annonceurs pourraient réévaluer le mix créatif et budgétaire entre formats longs et formats courts.
- Audience et démographie : l’effet amplifié des fonctionnalités **IA** chez les utilisateurs plus jeunes invite à adapter les messages et les formats en fonction des segments générationnels, car les comportements de recherche et de consommation diffèrent selon l’âge.
- Infrastructure et coûts : la hausse des investissements en capital rappelle que l’essor des services basés sur l’**IA** requiert des ressources substantielles en calcul, stockage et R&D — une considération importante pour les acteurs qui envisagent des déploiements d’IA à grande échelle.
Limites, risques et angles non couverts par la présentation
Plusieurs sujets restent insuffisamment documentés dans la communication de Google :
- Transparence des flux de clics : l’absence d’un indicateur public sur la part de clics sortants depuis les surfaces **IA** limite la capacité des tiers à évaluer si les utilisateurs sont davantage redirigés hors de l’écosystème ou restent dans des expériences propriétaires.
- Impact sur le référencement payant : bien que la direction ait signalé une hausse des **requêtes** commerciales, elle n’a pas détaillé l’effet sur les coûts par clic, la concurrence pour les enchères ou la performance des annonces dans les nouvelles interfaces.
- Questions réglementaires : le rappel de l’amende européenne souligne la pression réglementaire sur l’entreprise. À mesure que **Google** intègre l’**IA** plus profondément dans ses produits, les enjeux de concurrence, de traitement des données et de responsabilité algorithmique devraient attirer davantage l’attention des autorités et des acteurs du marché.
- Expérience utilisateur : la mise en avant de résumés automatiques et de réponses générées pose la question de la vérifiabilité et de la qualité de l’information. Les risques de réponses inexactes ou de perte de contexte pour l’utilisateur restent des sujets sensibles.
Quelles questions les annonceurs et éditeurs doivent‑ils se poser ?
À la lumière des annonces, voici quelques interrogations opérationnelles utiles pour les équipes digitales :
- Comment vérifier la corrélation entre la hausse des **requêtes** observée par Google et l’évolution du trafic organique et payant vers nos actifs ?
- Nos pages sont‑elles structurées pour apparaître comme sources pertinentes pour des résumés automatiques (AI Overviews) ?
- Quels ajustements créatifs et budgétaires sont nécessaires pour tirer parti des formats courts sur YouTube ?
- Quels dispositifs de tracking côté serveur pouvons‑nous renforcer pour compenser le manque d’indicateurs publics sur les surfaces **IA** ?
- Quel est notre plan de gestion des risques informationnels si des résumés automatiques citent nos contenus de manière incomplète ou incorrecte ?
Un horizon technique et commercial en pleine évolution
Les évolutions annoncées par Google reflètent une double dynamique : d’un côté, une poussée technologique (modèles Gemini, intégration dans Chrome, déploiement multilingue), de l’autre, des implications commerciales (chiffres d’usage, revenus publicitaires, évolution des formats). Pour les acteurs de l’écosystème numérique, la clef sera d’adapter tant la production de contenu que les systèmes de mesure pour rester visibles et évaluables dans un paysage où les interfaces pilotées par l’**IA** prennent une place grandissante.
L’augmentation du budget d’investissement annoncé témoigne aussi d’une course à la capacité de calcul et à l’innovation produit. Les entreprises qui souhaitent rester concurrentielles devront arbitrer entre réactivité commerciale et investissements techniques pour capter le trafic et convertir l’attention générée par ces nouvelles expériences.
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