La question de la semaine de notre rubrique Ask An SEO provient d’un lecteur qui rencontre un problème fréquent lors du déploiement de sites à l’international :
« Je développe ma présence à l’étranger mais je suis perdu avec la mise en place des balises hreflang. Mes positions varient selon les pays et il me semble que des internautes voient des versions de langue inadaptées. Quelles sont les erreurs les plus répandues avec le hreflang et comment auditer une configuration internationale ? »
C’est une excellente interrogation et elle concerne toutes les équipes qui gèrent des sites multi‑pays ou multilingues.
La balise hreflang est un attribut HTML utilisé pour indiquer aux moteurs de recherche la langue et/ou la zone géographique visées par une page. Son rôle principal est d’aider les moteurs à diffuser la version la plus pertinente d’une page lorsqu’un site propose plusieurs variantes pour des langues ou des régions différentes.
Par exemple, vous pouvez disposer d’une fiche produit destinée aux États‑Unis et d’une autre, très proche, dédiée au Royaume‑Uni. Même si les deux pages sont en anglais, elles peuvent différer par le vocabulaire, les tarifs, la devise ou les options de livraison.
Dans les résultats de recherche, il est souhaitable que les utilisateurs américains voient la page américaine et que les utilisateurs britanniques obtiennent la page britannique. La balise hreflang sert précisément à transmettre cette information aux moteurs.
Comment implémenter une balise hreflang
Une déclaration hreflang s’écrit généralement avec l’attribut rel= »alternate » pour signaler qu’il s’agit d’une version alternative, l’attribut href qui pointe vers l’URL concernée, et l’attribut hreflang qui spécifie le code de langue et/ou de pays ciblé. Pour les codes, on utilise les normes ISO : codes ISO pour langue/pays.
Quelques règles essentielles à respecter pour vos déclarations hreflang :
- Auto‑référence : chaque page qui participe à un groupe d’alternatives doit inclure une référence vers elle‑même.
- Bouclage (réciprocité) : si la page A référence la page B, la page B doit aussi référencer la page A (et toutes les pages du groupe doivent se référencer mutuellement).
- Placement correct : les balises peuvent être placées dans le
<head>des pages, dans l’en‑tête HTTP (pratique pour des documents non‑HTML) ou dans le sitemap XML. Elles doivent être accessibles aux robots pour être prises en compte.
Exemple concret pour une fiche produit destinée aux États‑Unis :
Et, côté Royaume‑Uni, la page équivalente doit aussi contenir un bloc similaire qui référence les deux versions (UK et US) et se référence elle‑même.
Chaque page doit idéalement inclure sa propre balise canonical afin d’indiquer quelle URL est la version privilégiée pour indexation dans ce contexte local.
Erreurs courantes à éviter avec le hreflang
En théorie, la mise en place du hreflang paraît simple, mais en pratique de nombreuses erreurs surviennent. Il faut aussi garder à l’esprit que le hreflang est une indication pour les moteurs, pas une obligation impérative : il s’agit d’un signal parmi d’autres pour déterminer la meilleure page à afficher pour un utilisateur donné.
Veillez à ce que vos balises hreflang soient accompagnées d’un travail global d’internationalisation cohérent sur le site.
Absence de balises de retour ou mauvaise réciprocité
Une erreur fréquente est d’omettre la réciprocité : si la page A référence la page B, la page B doit renvoyer vers la page A. Sans ces balises de retour, le groupe d’alternatives n’est pas complet et les moteurs peuvent ne pas comprendre correctement la relation entre les versions.
Dans l’exemple ci‑dessus, omettre la balise qui renvoie de la page UK vers la page US (ou vice‑versa) crée une configuration incomplète et provoque des comportements imprévisibles dans les SERP.
Codes de langue/pays invalides
Une autre source d’erreurs provient de codes incorrects : les pays doivent être fournis dans le format standard (par exemple en-gb pour l’anglais au Royaume‑Uni, et non en-uk). Les codes de pays suivent la norme ISO 3166‑1 alpha‑2 et les codes de langue la norme ISO 639‑1.
Une faute de frappe dans ces codes rend la directive invalide et la page risque de ne pas être correctement associée à la locale souhaitée.
Conflits entre hreflang et d’autres directives
Les incohérences entre hreflang et d’autres balises (comme la balise canonical, un noindex ou des liens vers des pages non‑200) génèrent de la confusion. Par exemple :
- Si la page US référence la page UK en tant qu’alternative, mais que sa balise canonical pointe vers la page UK, le moteur reçoit deux signaux contradictoires.
- Si l’URL listée dans un hreflang renvoie un code 404 ou 301 au lieu d’un 200, la valeur de la déclaration est compromise.
- Si une URL référencée par une balise hreflang est marquée noindex, les moteurs respecteront le noindex (directive ferme) et ignoreront la suggestion lié au hreflang.
Oublier des variantes linguistiques
Lorsque plusieurs versions alternatives existent (par exemple : fr-fr, fr-ca, fr-be), il est impératif d’inclure l’ensemble des variantes pertinentes dans la déclaration hreflang. Laisser une variante de côté équivaut à ne pas lui indiquer qu’elle fait partie du même groupe.
Mauvaise utilisation du x-default
La valeur spéciale x-default informe les moteurs qu’il s’agit d’une version par défaut à proposer lorsque aucune correspondance linguistique ou géographique n’est trouvée. Cette page doit être une page générique, universelle, et non une version très localisée. Le lien en x-default doit renvoyer une page qui renvoie un code 200 et comporter sa propre balise canonical.
Formats contradictoires (sitemap vs head)
Il est acceptable de déclarer vos hreflang dans un sitemap XML ou dans l’en‑tête HTML, mais si vous utilisez les deux et qu’ils ne correspondent pas, vous créez des incohérences. Pour simplifier le débogage, préférez une méthode (sitemap ou head) et assurez‑vous que toutes les déclarations sont identiques si vous doublez la configuration.
Les problèmes peuvent dépasser la simple balise hreflang
La cohérence technique et éditoriale du site est tout aussi importante que la bonne syntaxe des balises hreflang. Les moteurs évaluent plusieurs signaux pour comprendre l’intention géographique et linguistique d’un site.
Structure du site inadaptée
Choix d’architecture : sous‑dossiers (ex. /fr/), sous‑domaines (ex. fr.example.com) ou domaines distincts (ex. example.fr). L’important est de conserver une stratégie claire et cohérente. Un schéma organisé facilite la compréhension des moteurs et l’expérience utilisateur.
Traduction dynamique côté client
Les traductions réalisées dynamiquement via JavaScript (remplacement du texte au chargement) peuvent poser problème si le moteur de recherche n’exécute pas ou n’indexe pas correctement le rendu côté client. Avec des frameworks comme React, il est préférable que le contenu traduit et les balises essentielles (hreflang, canonical) soient présents dans le DOM au premier chargement ou fournis par rendu côté serveur (SSR) / réhydratation adéquate. Pour plus d’informations sur l’indexation du JavaScript, consultez les recommandations de Google : lecture officielle sur JavaScript et SEO.
Lecture recommandée : Rehydration pour les rendus côté client ou côté serveur
Pages partiellement traduites ou de mauvaise qualité
Des pages où seule une partie du contenu est traduite (menus, pied de page ou micro‑contenus laissés en langue originale) nuisent à l’expérience utilisateur et réduisent la pertinence perçue par les moteurs. De même, des traductions automatiques de faible qualité peuvent pousser les utilisateurs à préférer une page concurrente mieux localisée.
Comment auditer votre configuration internationale
Plusieurs méthodes permettent de vérifier la mise en œuvre de vos hreflang et, plus largement, la qualité de votre internationalisation. Voici une méthodologie structurée et des étapes concrètes.
Analyse du comportement dans Google Analytics
Commencez par regarder les données de trafic : des utilisateurs d’un pays donné accèdent‑ils systématiquement à la mauvaise version locale ? Par exemple, si des internautes britanniques atterrissent majoritairement sur la version US, cela peut indiquer que vos signaux locaux sont faibles ou mal configurés. Combinez ces observations avec Google Search Console pour vérifier quelles pages sont affichées pour quelles audiences.
Contrôles manuels sur un échantillon de pages
Sélectionnez un panel représentatif de pages clés (produits stratégiques, pages catégorie, pages corporate) et vérifiez pour chaque page :
- Que la balise hreflang existe et liste toutes les alternatives du groupe.
- Que chaque item est auto‑référencé (chaque page cite son propre URL).
- Que les URLs référencées sont bien vivantes (statut 200) et correspondent aux canonical attendues.
Vérification du sitemap XML
Parcourez le(s) sitemap(s) pour repérer la présence de déclarations hreflang. Si vous avez des déclarations dans le sitemap et d’autres dans le <head>, comparez‑les : toute divergence entre les deux sources entraîne des erreurs d’interprétation.
Outils de test et d’audit hreflang
Des outils automatisés simplifient la détection d’anomalies. Les crawlrs SEO comme Screaming Frog, Sitebulb ou d’autres outils spécialisés détectent souvent les incohérences de balisage. Il existe aussi des validateurs dédiés, par exemple :
Ces outils identifient les problèmes de réciprocité, les URL non‑200, les codes invalides et les incohérences entre sitemap et head.
Règles et bonnes pratiques pour bien réussir
Pour maximiser l’efficacité de votre stratégie internationale, suivez ces recommandations concrètes :
- Assurez‑vous que chaque groupe d’alternatives couvre toutes les versions pertinentes (langues et pays).
- Vérifiez la réciprocité : chaque page citée doit citer les autres et se citer elle‑même.
- Placez les déclarations de façon cohérente : head HTML ou sitemap XML, et maintenez la même source si vous devez éviter les erreurs.
- Évitez les contradictions entre hreflang et canonical ou les pages marquées noindex.
- Pour les sites rendus côté client, fournissez des contenus traduits dans le DOM au chargement initial ou utilisez SSR/SSG pour la stabilité de l’indexation.
- Utilisez x-default uniquement pour une page de secours générique (page « choisir sa région » ou page multilingue de base).
- Surveillez les performances et le flux d’utilisateurs par pays pour détecter tout changement anormal après modifications.
Exemples pratiques et modèles
Voici quelques schémas de balises que vous pouvez adapter selon votre architecture :
Dans le <head> d’une page anglaise pour les États‑Unis :
<link rel="alternate" href="https://example.com/us/page" hreflang="en-us" />
<link rel="alternate" href="https://example.com/uk/page" hreflang="en-gb" />
<link rel="alternate" href="https://example.com/page" hreflang="x-default" />
<link rel="canonical" href="https://example.com/us/page" />
Si vous utilisez un sitemap XML, le format ressemble à :
<url>
<loc>https://example.com/us/page</loc>
<xhtml:link rel="alternate" hreflang="en-us" href="https://example.com/us/page" />
<xhtml:link rel="alternate" hreflang="en-gb" href="https://example.com/uk/page" />
</url>
Checklist d’audit rapide
- Vérifier l’existence des balises hreflang sur un échantillon représentatif.
- Contrôler la présence d’auto‑références et la réciprocité entre toutes les variantes.
- S’assurer que les codes de langue/pays sont valides (ISO).
- Confirmer que les URLs listées renvoient un code 200 et correspondent aux canonical.
- Comparer les déclarations dans le
<head>et dans les sitemaps XML pour détecter des divergences. - Vérifier l’absence de balises noindex sur des pages référencées par hreflang.
- Tester avec des outils automatisés et crawler le site pour repérer les erreurs à grande échelle.
- Examiner les données de Google Analytics et Search Console pour confirmer que les utilisateurs reçoivent les versions attendues.
Conclusion : viser la cohérence, pas seulement la syntaxe
Les balises hreflang sont un levier puissant pour améliorer la pertinence de vos pages à l’international, mais elles ne suffisent pas seules. Une mise en œuvre correcte exige une cohérence technique (codes, statuts HTTP, canonical), une organisation éditoriale (traductions de qualité, pages complètes) et une architecture de site claire. En combinant une configuration hreflang rigoureuse avec une stratégie d’internationalisation globale, vous minimisez les risques d’erreurs et améliorez l’expérience des utilisateurs selon leur langue et leur région.
Image mise en avant : Paulo Bobita/Search Engine Journal
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