Google annonce avoir ajusté ses critères de classement pour mettre davantage en avant les courtes vidéos, les forums et le contenu généré par les utilisateurs, en réponse à l’évolution des habitudes de recherche des internautes.

Les déclarations proviennent de Liz Reid, vice‑présidente et responsable de Google Search, lors d’une interview diffusée dans le podcast Bold Names du Wall Street Journal : écouter l’intervention de Reid.

Ce que Reid a expliqué

Dans son intervention, Reid a décrit une transformation des lieux vers lesquels les internautes se tournent pour obtenir des réponses, particulièrement chez les utilisateurs plus jeunes. Elle a signalé que les comportements évoluent et que Google ajuste son service en conséquence pour mieux refléter ces nouveaux usages.

Elle a résumé le phénomène ainsi : les personnes consultent de plus en plus les courtes vidéos, les forums et le contenu généré par les utilisateurs plutôt que des sites traditionnels pour certaines catégories de requêtes.

Reid a également précisé l’approche adoptée par Google pour répondre à cette demande :

Selon elle, l’objectif est de proposer aux internautes une information à la fois fiable et pertinente par rapport à ce qu’ils recherchent, d’où les ajustements réguliers des signaux de classement pour faire remonter davantage ces formats.

Pour illustrer le changement de comportement, elle a donné un exemple concret lié à la vie quotidienne :

Reid a posé la question suivante : où cherchez‑vous désormais vos recettes ? Est‑ce dans un journal ou sur YouTube ? Cet exemple souligne la préférence croissante pour des formats vidéo courts et facilement consommables.

Elle a enfin rappelé que toute modification d’algorithme provoque inévitablement des gagnants et des perdants :

« Toute mise à jour des classements entraîne des changements de visibilité : certains sites gagnent, d’autres en perdent. C’est une constante de Search. »

Voir aussi : Google modifie ses classements pour privilégier les connaissances de première main

Impact sur les publicités et le volume de requêtes

Reid a abordé la question de l’effet des AI Overviews — ces synthèses générées par intelligence artificielle — sur les revenus publicitaires. Selon elle, l’impact est atténué par une augmentation globale du nombre de recherches :

« Le chiffre d’affaires lié aux AI Overviews est resté relativement stable. Certaines requêtes reçoivent moins de clics sur les publicités, mais le volume total de recherches augmente, ce qui compense. »

Elle a précisé que la majorité des requêtes ne comporte pas d’annonces :

« Pour la plupart des requêtes, il n’y a pas d’annonces du tout : ces requêtes ne sont donc pas directement affectées par la présence ou l’absence de publicités. »

Reid a aussi mis en avant l’effet de la réduction des frictions (par exemple via Lens ou les réponses multi‑pages proposées par les AI Overviews) qui encourage un plus grand nombre d’interactions et donc augmente le total des recherches effectuées.

Attribution et personnalisation des sources

Un autre point soulevé porte sur la visibilité des sources et la manière dont Google met en valeur les créateurs et les sites. Reid a évoqué des expérimentations autour de la mise en avant de liens inline plus proéminents :

« Nous testons davantage d’affichages avec des liens intégrés qui permettent d’indiquer « selon untel » avec un lien important pointant vers la source — pour renforcer à la fois la notoriété de la marque et le taux de clics. »

Cela traduit une volonté d’améliorer l’attribution des contenus au sein des réponses enrichies, afin que les éditeurs et les auteurs légitimes conservent une visibilité même lorsque l’information est présentée directement dans les résultats.

Signaux de qualité et contenu à faible valeur

Sur la question de la qualité, Reid a indiqué que l’équipe de Search étendait sa posture au‑delà du simple contrôle du « spam » pour prendre en compte le « contenu à faible valeur » :

Elle a expliqué : « Nous avons élargi notre approche au‑delà de la notion strictement liée au spam, afin d’identifier et de diminuer la visibilité du contenu à faible valeur. »

Dans ce contexte, les contenus plus riches, approfondis et fondés sur une expertise démontrée ont tendance à attirer davantage de clics quand les réponses générées par IA sont proposées, car les utilisateurs recherchent des informations complètes et fiables.

Comment Google teste les modifications

Interrogée sur la manière dont les modifications sont implémentées — s’agit‑il d’une dynamique « push » initiée par l’entreprise ou d’une simple réaction à la demande des utilisateurs ? — Reid a décrit un cycle d’évaluation et d’apprentissage :

« On écoute d’abord les retours des études utilisateurs pour comprendre ce que les gens souhaitent, puis on met en place des expérimentations, on observe la manière dont les utilisateurs réagissent, et le système s’ajuste ensuite en fonction de comportements réels. »

Ce processus signifie que les changements sont souvent itératifs : des tests A/B, des expérimentations en production et des mesures comportementales alimentent les décisions sur l’élaboration des signaux et la pondération de chaque format.

Pourquoi cela a de l’importance pour les sites et les équipes SEO

La prise en compte accrue des courtes vidéos, des forums et du contenu généré par les utilisateurs implique que, pour certaines requêtes, la concurrence de visibilité ne se limite plus aux pages web traditionnelles et aux articles éditoriaux. Cela a plusieurs implications concrètes :

• Les améliorations classiques de qualité éditoriale et de SEO technique restent nécessaires, mais pourraient ne plus suffire si le format des résultats change significativement.
• Il est essentiel d’identifier, lors d’un recul de trafic, si la perte de visibilité provient d’un changement d’algorithme ou d’une recomposition du paysage de résultats (par ex. remplacement par des forums ou des courtes vidéos).
• Les équipes doivent surveiller la distribution des formats SERP pour chaque groupe de requêtes afin de comprendre où investir (création d’une vidéo courte complémentaire, participation à des threads de forum, etc.).

En pratique, si une mise à jour de Google entraîne une baisse de trafic, il convient d’analyser la page touchée, de lister les requêtes concernées, puis d’examiner les types de résultats désormais mis en avant. Si des forums ou des contenus générés par les utilisateurs dominent, une stratégie multi‑format peut être nécessaire pour récupérer une partie de la visibilité.

Questions encore ouvertes

Plusieurs aspects restent vagues après ces déclarations :

• À quel moment précis ces ajustements ont‑ils commencé à être appliqués ?
• Quel poids chiffré accordé aux courtes vidéos, aux forums et au contenu généré par les utilisateurs par rapport aux pages traditionnelles ?
• Quelles catégories de requêtes sont les plus impactées — loisirs, modes de vie, tutoriels, actualités, ou autres ?
• Ces changements sont‑ils ciblés sur certains marchés ou langues en priorité ?

Sans indications publiques sur la temporalité et la pondération exacte, il est difficile d’évaluer l’ampleur précise des modifications et d’anticiper leur extension future.

Conséquences stratégiques : formats complémentaires et investissement dans l’expertise

Face à cette évolution, une approche équilibrée paraît raisonnable : continuer à produire des pages longues et spécialisées (où l’expertise et la profondeur demeurent des atouts) tout en explorant des formats complémentaires qui correspondent aux usages actuels des internautes.

Voici des pistes techniques et éditoriales à considérer, sans recommandations commerciales directes :

Audit des requêtes et analyse des résultats

Commencez par dresser un inventaire des requêtes qui génèrent du trafic et identifiez celles dont la page de résultats a changé de composition. Mesurez :

• La part de clics (CTR) avant et après la mise à jour apparente ;
• La présence d’éléments enrichis (vidéos courtes, extraits de forum, cartes de connaissances, etc.) ;
• Les pages et domaines qui ont gagné en visibilité et les formats qu’ils utilisent.

Ces éléments permettent de prioriser les requêtes où un changement de format est le plus critique et d’orienter les ressources en conséquence.

Création de contenus multi‑formats

Selon les conclusions de l’audit, produire des contenus adaptés aux formats dominants peut aider à retrouver de la visibilité :

• Adapter certaines notions de vos articles en courtes vidéos explicatives optimisées pour la découverte ;
• Participer de manière structurée aux forums et plateformes communautaires en apportant des réponses détaillées et vérifiables ;
• Favoriser le contenu généré par les utilisateurs de qualité via une modération et une publication sélective pour stimuler l’engagement et la longévité des sujets.

Ces tactiques doivent être intégrées dans une stratégie de contenu réfléchie, visant à compléter plutôt qu’à remplacer les pages long‑formes là où elles restent pertinentes.

Renforcer l’attribution et la marque

Étant donné les expérimentations mentionnées autour des liens inline et de la mise en avant des auteurs/sources, il devient important de soigner la réputation de la marque et la structuration des contenus :

• Veiller à une attribution claire des auteurs et à la mise en avant des sources primaires ;
• Structurer les articles pour faciliter l’extraction des citations et des métadonnées par des services tiers (balises structurées, mentions d’auteurs, pages d’auteur complètes) ;
• Construire des liens de confiance avec un public fidèle — les signes d’une audience engagée peuvent jouer en faveur de la visibilité dans les expériences IA.

Qualité éditoriale et profondeur

Dans un paysage où l’IA propose des synthèses, la valeur différenciante d’un site réside souvent dans la profondeur et la fiabilité de l’information. Pour cela :

• Privilégier les contenus documentés, sourcés et mis à jour régulièrement ;
• Assurer une expertise visible (biographies d’auteurs, citations de sources primaires, études ou données originales) ;
• Éviter la production de textes superficiels qui risquent d’être classés comme contenu à faible valeur.

Surveillance des signaux techniques

La visibilité reste aussi tributaire d’éléments techniques :

• Contrôler l’indexation et les balises structurées (schema.org) pour aider les systèmes à comprendre et à présenter les contenus ;
• Mesurer la vitesse de page, l’expérience utilisateur et l’accessibilité sur mobile, puisque les formats courts et sociaux sont essentiellement consommés sur smartphone ;
• Valider la délivrabilité des pages et des vidéos auprès des robots d’exploration et des plateformes de recherche multimédia.

Surveillance et KPI recommandés

Pour piloter une réponse tactique aux évolutions de Search, suivez des indicateurs concrets :

• Volume de requêtes totales et par segment (avant/après la mise à jour) ;
• Taux de clics (CTR) et position moyenne pour les requêtes critiques ;
• Part de trafic provenant des pages longues vs. formats courts (vidéo, forum, UGC) ;
• Taux d’engagement sur les formats alternatifs (vues, temps de lecture, interactions dans les forums) ;
• Répartition des impressions dans les SERP entre résultats organiques classiques, extraits enrichis et synthèses IA.

Ces KPI aident à distinguer une baisse structurelle du trafic (liée à une recomposition des formats SERP) d’un problème isolé de qualité ou technique sur une page donnée.

Exemples concrets d’adaptation

Quelques mises en œuvre possibles, sans valeur prescriptive, montrent comment adresser la transition :

• Transformer un guide pratique long en une série de courtes vidéos « how‑to » indexées et liées à l’article principal afin d’augmenter les chances d’apparaître dans des résultats vidéo courts ;
• Créer un fil actif sur un forum ou une page communautaire modérée qui regroupe des réponses validées par des experts, puis structurer ces posts pour qu’ils soient facilement citables par les moteurs ;
• Encourager la contribution d’utilisateurs qualifiés (témoignages, cas pratiques) et les intégrer dans la page principale sous forme de sections distinctes et horodatées, augmentant ainsi la richesse du contenu.

Limites et précautions

Quelques mises en garde s’imposent :

• La création de versions « vidéo » simplement pour capter du trafic peut se révéler inefficiente si le public recherche de la profondeur. Il faut adapter le format au besoin réel de l’utilisateur pour la requête ciblée.
• Participer aux forums sans transparence ou sans valeur ajoutée peut nuire à la crédibilité de la marque. Les contributions doivent être informatives et vérifiables.
• Ne pas confondre volume et qualité : une augmentation des recherches ne garantit pas que les nouveaux formats produisent un engagement durable ou une fidélisation.

Questions en suspens pour les professionnels

Plusieurs interrogations méritent d’être surveillées par les équipes éditoriales et techniques :

• La pondération des formats alternatifs restera‑t‑elle stable ou dynamique ? Autrement dit, faut‑il prévoir une évolution continue qui nécessitera une adaptation permanente ?
• Comment mesurer l’apport réel des AI Overviews sur le long terme en termes de conversion business, et pas seulement de requêtes ?
• Les signaux d’« expertise », de « fiabilité » et de « fraîcheur » deviendront‑ils plus déterminants encore qu’avant ?

Conclusion — s’adapter sans renier l’expertise

La prise de position exprimée par Liz Reid confirme que Google a opéré des ajustements pour tenir compte de l’évolution des comportements de recherche. L’impact varie selon les types de requêtes et les marchés, mais la tendance à valoriser davantage les courtes vidéos, les forums et le contenu généré par les utilisateurs est claire.

Pour les éditeurs et les équipes SEO, la réponse stratégique consiste à combiner deux approches complémentaires : maintenir un haut niveau d’expertise et de qualité sur les pages longues là où elles apportent une valeur différenciée, tout en explorant des formats alternatifs quand le comportement des utilisateurs le justifie. Un suivi rigoureux des KPI et une capacité à tester des formats différents sont essentiels pour s’orienter efficacement dans ce paysage en transformation.

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Image à la Une : Michael Vi/Shutterstock